Troisième Forum MNTV sur le Linceul de Turin
Samedi 16 octobre 2021 à Paris (N.D. de Grâce de Passy)
Résumé des 13 interventions.
Les Actes du III° Forum sont publiés dans le Cahier MNTV 65-66
01- Les fondamentaux du Linceul, par Pierre de Riedmatten, ingénieur retraité (Poitiers); président honoraire de MNTV
Ce tissu mystérieux est toujours « provocation à l’intelligence », comme le disait déjà saint Jean-Paul II en 1998. Les différents intervenants de ce Forum essaient de répondre, le plus objectivement possible, aux trois grandes questions que tout le monde peut se poser :
D’où vient ce tissu ? Son histoire « récente » (depuis le XIV° s) est bien connue. Son histoire ancienne (depuis les premiers siècles) se précise au fur et à mesure des études.
Comment cette image étonnante a-t-elle pu se former ? Personne n’a jamais pu la reproduire avec toutes les caractéristiques superposées de l’image « sanguine » et de l’image « corporelle ».
Qui est l’Homme du Linceul ? Est-ce le Jésus-Christ des Evangiles ?
02- Analyse médicale de l’Image, par le Pr Louis Cador, chirurgien militaire (Paris), président de MNTV
Les évangélistes ne sont pas diserts sur les supplices de la Passion. Nous connaissons désormais l’essentiel de cette terrible épreuve, grâce aux analyses médicales de l’Image du Linceul, développées par le Dr. Pierre Barbet dès les années 1930. Un certain nombre d’observations objectives, relevant de l’anatomie et de la biologie, permettent des déductions certaines ou très largement partagées.
Les « taches sanguines », désignées de tous temps comme telles, sont principalement des décalques de caillots, et sont bien constituées d’éléments biologiques caractéristiques du sang humain. Leur examen permet de décrire, avec une terrifiante précision, les supplices subis par un homme mort sur la croix, selon la chronologie des quatre évangiles relatant la Passion et la mort de Jésus de Nazareth.
Pour la plupart non vérifiables et moins contributives, les hypothèses sur les conditions physiopathologiques du décès ne modifient pas les conclusions de l’étude anatomique. Certaines avancées récentes en biologie, qui doivent encore être validées, donnent l’espoir d’un éclairage complémentaire.
03- Tridimensionnalité et traitement 3D de l’Image, par Patrice Majou, Docteur en Physique – Professeur retraité (Champs-sur-Marne).
L’extraordinaire double image que porte le Linceul de Turin présente une caractéristique unique : elle présente un codage 3D, ce qui n’est le cas pour aucune autre image classique, à l’exception d’images formées en lumière cohérente dont celles obtenues en holographie. Cette particularité, détectée par Paul Vignon et René Colson en 1903, a fasciné de nombreux chercheurs. Gabriel Quidor (dès 1913), puis Paul Gastineau (1973) réalisèrent des reproductions du Visage en relief ; et la NASA réalisa le relief du corps entier (1976). Plus récemment, Aldo Guerreschi obtint une astucieuse photo-relief (1998), et Petrus Soons (USA) réalisa un spectaculaire hologramme (2005).
Mais l’utilisation des techniques modernes de traitement d’image (A. Marion, Eric de Bazelaire, John Jackson et Ray Downing) a permis des représentations de plus en plus parlantes, comme celles de Thierry Castex (2012).
04- Comment l’Image s’est-elle formée ? Peut-on la reproduire ? par Marcel Alonso, membre du CIELT, expert en Géosciences, retraité (près de Pau) (L'orateur ayant été empêché au moment du forum, son intervention fera l'objet d'une publication ultérieure dans nos cahiers)
Cette empreinte complexe, laissée sur un milieu poreux hétérogène, doit être observée comme un tout, visuellement, selon la Physique classique, pour tenter de comprendre comment elle a pu, globalement, se former, puis évoluer, pour nous apparaître telle que nous la voyons et l’analysons aujourd’hui …
La particularité de l’empreinte est d’être un « relief » (image tridimensionnelle), mais aussi d’avoir l’apparence d’un négatif photographique, partout où il pourrait s’agir d’un transfert moléculaire n’ayant rien à voir avec la lumière (adsorption/diffusion 2D tel qu’observé dans les Herbiers du Jardin des Plantes ou les Gyotaku japonais…). Mais cette image/empreinte existe également loin des zones de contact vraisemblables. Il faudrait alors considérer des transferts moléculaires à distance 3D : évaporation, diffusion, hydro-distillation de fluides corporels complexes (eau, sueurs, lymphe, plasma, sérums, pigments…).
De nombreux chercheurs ont tenté d’en reproduire certaines particularités : l’américain Jackson pour la disparition gravitaire du Corps ; le physicien Paolo Di Lazarro pour la couleur jaune paille superficielle des fibres (l’« oxydation acide déshydratante » – Adler – 1983), en utilisant un laser femto-seconde ; le chimiste Garlaschelli pour imiter le tout en mouillant le tissu avec des acides forts. Le Père Jean-Baptiste Rinaudo pour rendre compte à la fois de la couleur de l’image et de l’âge apparent du tissu. Pour cela, il a utilisé : des protons pour l’oxydation acide de la cellulose, (jaune-paille), et des neutrons, pour rajeunir le support… de 1400 ans ! Il a vérifié ces deux principes expérimentalement mais séparément. Mais, pour rendre compte de la Résurrection, il les suppose concomitants, miraculeusement : le Deutérium présent dans l’eau du corps se désintègre à froid en irradiant le tissu avec ses deux particules élémentaires….
05- Datations (par le C 14 et par Spectrométrie), par Pierre de Riedmatten
Trente ans après, que penser du test au C 14 de 1988, qui avait daté la fabrication du Linceul au Moyen Age ? En 2017 Tristan Casabianca a enfin obtenu les valeurs « brutes » mesurées par les 3 laboratoires (Oxford, Arizona et Zürich). Leur analyse statistique montre que les résultats ne sont pas pertinents. Les arguments avancés (pollution, retissage,…), pour justifier l’écart trouvé, de 13 à 14 siècles, ont été contestés, notamment par une étude textile de 2011 ; l’échantillon prélevé en 1988 est donc sans doute représentatif du tissu, lequel pourrait avoir été totalement imprégné de C 14, si la théorie du Père J.-B. Rinaudo est exacte (enrichissement initial du tissu en C14, dû à une émission de neutrons par le corps du supplicié au moment de la formation de l’image).
Une autre datation, par spectrométries Infrarouge et Raman (Pr. Giulio Fanti, 2013) a indiqué une possible fabrication du tissu au tournant de l’ère chrétienne.
06- Y a-t-il d’autres moyens de dater le Linceul ? par Olivier Cahart, Directeur Marketing, retraité (Paris).
De nombreuses convergences permettent de conclure à un tissu du I° siècle, venant de Palestine ; il a enseveli un homme flagellé par un flagrum de type romain, couronné d’épines, ayant porté un objet lourd sur les épaules ; il a été crucifié, puis percé post-mortem au côté droit par une lance de type romain ; il n’a pas eu les jambes brisées, contrairement à d’autres crucifiés (comme le squelette de Yohanan).
D’autres éléments vont dans le même sens : examen d’un autre tissu ancien (Pr. Morano, 1978) ; couture de la bande latérale, similaire à celle d’un tissu provenant de la forteresse de Massada (1er s.) ; découverte, par Mark Guscin au Mont Athos, de manuscrits du X° s disant que le Mandylion / Image d’Edesse est un « sindon » (donc un tissu d’ensevelissement) et non pas une simple serviette/mouchoir ; traces, sur les yeux du condamné, de pièces de monnaie frappées par Ponce Pilate ; écritures autour du Visage citant un Nazaréen nommé Jésus, condamné à mort ; pliage en accordéon compatible avec un stockage dans une jarre étroite, peut-être de type palestinienne ; trous en forme de « L », visibles sur le Codex Pray (1192-1195).
07- Le contexte historique de la Passion, par l’historien Jean-Christian Petitfils
Pour bien comprendre le procès de Jésus, il importe de le situer dans le contexte religieux et historique de l’époque, en utilisant en particulier l’évangile de Jean, seul témoin oculaire, et les écrits de Flavius Josèphe. Le drame se noue le 3 avril de l’an 33 et ne s’explique que par la relation complexe de « collaboration » des pouvoirs en Judée-Samarie entre les autorités religieuses juives et le préfet romain Ponce Pilate ; celui-ci avait été déstabilisé l’année précédente, par une plainte formulée contre lui par le grand prêtre honoraire Anne et son gendre Joseph dit Caïphe, grand prêtre en exercice.
08- Histoire ancienne du Linceul, par Alain Queinnec, notaire retraité (Quimper)
L’origine du Linceul de Turin a été étudiée par le Père André Marie Dubarle, dans les années 1990. Faute d’élément historique prouvant une origine au Ier siècle, il a conjecturé que le Linceul de Jésus était parvenu de Jérusalem à Édesse, peut-être au cours du IIème siècle.
De nouvelles recherches nous permettent de confirmer la visite, au Ier siècle, des envoyés du roi Abgar V à Jérusalem ; cette visite correspond à un passage de l’Évangile, selon Moïse de Khorène. Ensuite, le Linceul de Jésus est resté dissimulé à Édesse dans le royaume Osrhoène ; puis il a été vénéré par les chrétiens après 540, et transporté à Constantinople, le 15 août 944.
09- Hypothèses de transfert du Linceul en France, par Laurent Bouzoud, ingénieur retraité (Paris)
Comment l’Histoire nous permet-elle de penser que le Linceul du Golgotha est bien celui qui est aujourd’hui à Turin ? Quel fut son cheminement, de Constantinople en 1204, jusqu’à sa réapparition en France, à Lirey près de Troyes, dans les années 1350 ?
Cette présentation fait le point sur les hypothèses formulées pour combler ce « trou historique » d’environ 150 ans, dont celle des Templiers, bien connue, et celle de la transmission du Linceul par héritage ; mais aussi d’autres, plus récentes, qui paraissent plus vraisemblables : celle d’un passage par la Sainte Chapelle de Paris, après le transfert, par l’empereur Baudoin, des reliques de Constantinople vers le roi saint Louis en 1241 ; et celle d’un transfert grâce aux veuves des deux derniers ducs d’Athènes et à deux chevaliers bourguignons (hypothèse dite « des Achaïens »).
10- Impact du Linceul auprès des jeunes, par Agnès Ratel, assistante familiale pour le département de l’Essonne
Au milieu des années 1980, dans la crypte de l’église nouvelle Saint Honoré d’Eylau (Paris XVI°), je me suis retrouvée face à avec une réplique du Saint Suaire de Turin. J’ai été touchée en plein cœur. Cette expérience spirituelle forte, cette image du Christ qui se donne pour nous, n’a fait qu’accroitre et vivifier ma foi en me posant clairement la question : « Qui suis-je pour toi ? Crois-tu que je sois ressuscité ? ».
Dans le cadre de mon engagement auprès des jeunes en Église, j’ai proposé l’exposition d’une réplique du Linceul ; et j’ai pu, à chaque visite, constater que personne, enfants comme adultes, n’y restait indifférent…
Quoi de plus parlant, pour une catéchèse, que ce signe visible témoignant de la Passion et de la Résurrection de Jésus-Christ ?
11- Expositions en France et à l’Etranger, par Pierre de Riedmatten et Béatrice Guespereau (vice-présidente honoraire de MNTV)
L’association MNTV possède de nombreux jeux d’expositions (7 posters sur bâche plastifiée et des toiles reproduisant le « positif » et les « négatifs » face et dos), qui peuvent être mis à la disposition des paroisses et des associations.
Une grande exposition, traduite en six langues, se trouve actuellement au Sanctuaire de Montligeon (Orne), après avoir circulé de puis 2004 en France et à l’Etranger.
MNTV fait également de nombreuses conférences (voir le site www.linceul-de-turin.fr), y compris en visioconférence.
12- La souffrance et la gloire du crucifié: esquisse d’une spiritualité du Linceul, par Jean-Michel Forestier, vice-président de MNTV, ingénieur retraité (Savoie)
Il s’agit de donner un sens aux souffrances du Crucifié, racontées par le Linceul, et de comprendre : Comment il est mort : ses dispositions d’esprit nous sont révélées par 7 brèves Paroles : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » – « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » … Pourquoi il est mort : malentendu judiciaire ? Sacrifice accomplissant les Ecritures ? « Affreusement traité, il s’humiliait. Or, c’était nos souffrances qu’il portait (…) et ses plaies nous apportent la guérison » – « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire ? ».
Contemplons ces saintes plaies avec le regard de foi des mystiques qui ont anticipé la révélation photographique de 1898 : Soeur Marie de St-Pierre à Tours, Ste Thérèse de Lisieux…
Et méditons sur les traits de ce Visage que le Verbe de Dieu a choisi de revêtir pour se révéler, « Lui qui ne retint pas jalousement sa condition divine, mais se fit obéissant jusqu’à la mort » : face à Face bouleversant, mystère de la gloire divine cachée sous les voiles de l’abaissement.
13- Conclusion spirituelle, par Mgr Benoit Rivière, évêque d’Autun
Deuxième Forum MNTV sur le Linceul de Turin
Samedi 7 mars 2015 à Paris (N.D. de Grâce de Passy)
Les Actes du II° Forum sont publiés dans le Cahier MNTV 52-53
Résumé des 17 interventions.
01 – LES FONDAMENTAUX DU LINCEUL.
Pierre de Riedmatten, Ingénieur retraité (Poitiers) – Président de MNTV.
Avant d’aborder les autres exposés, l’orateur a présenté les contours généraux des trois grandes questions que tout le monde peut se poser sur cet objet qui est toujours « provocation à l’intelligence », comme le disait saint Jean-Paul II :
* D’où vient ce tissu, sur le plan géographique et sur le plan historique ?
* Comment cette image a-t-elle pu se former ?
* Qui est l’Homme du Linceul ?
02 – HYPOTHÈSES DU TRANSFERT DU LINCEUL EN FRANCE
Antoine Macquet, directeur d’une Société de Conseil en Finances (Paris).
Après avoir présenté les faits et témoignages historiques attestant la présence du Linceul à Constantinople à la fin du XIIème siècle, quatre hypothèses ont été développées :
– celle des Templiers, qui auraient transféré en secret le Linceul en Europe, à l’issue du sac de Constantinople ;
– celle d’un transfert officiel, selon laquelle saint Louis aurait acquis le Linceul au même titre que de nombreuses autres reliques byzantines ;
– celle du retour en France par Edouard de Beaujeu, compagnon de Geoffroy I° de Charny (hypothèse en cours d’étude) ;
– et celle d’un transfert familial discret, selon laquelle Othon de La Roche, l’un des chefs de la IV° croisade, aurait rapporté le Linceul depuis Athènes.
Ces différentes hypothèses sont le fruit des nombreux travaux de recherches menés par certains historiens, tels Ian Wilson, Barbara Frale, André-Marie Dubarle …
L’auteur a présenté les éléments de preuves apportés, mais aussi les critiques et les contradictions qui viennent nuancer, voire affaiblir certaines de ces hypothèses.
03 – NOUVELLE HYPOTHESE DU TRANSFERT DU LINCEUL EN FRANCE – Première partie 1204-1317
Laurent Bouzoud, Ingénieur retraité (Paris)
(Cette intervention, non prévue au programme initial, a pu être ajoutée en dernière heure, compte tenu de sa nouveauté et de son importance).
L’analyse de cette « histoire de famille », conduite discrètement par le « Clan des Achaïens », reprend une hypothèse simple déjà avancée en 1997 par Daniel Raffard de Brienne, selon laquelle le Linceul serait resté « tout bonnement » à Athènes jusqu’à la chute du duché, en 1312. Le transfert du Linceul aurait pu se faire alors, grâce notamment à la veuve du dernier duc d’Athènes et à la dernière héritière de la principauté franque de Morée.
04 – ÉCRITURES AUTOUR DU VISAGE
Jean Dartigues, Ingénieur retraité (Paris) – Secrétaire de MNTV.
Que représentent les traces d’écritures qu’on pense déceler autour du Visage ? L’orateur a précisé l’évolution des recherches dans ce domaine, les acteurs, leurs méthodes, leurs difficultés et bien sûr leurs découvertes. Un retour dans le temps a permis ensuite d’évoquer les procédures d’inhumation du premier siècle, avec des éléments de paléographie et de langage de l’époque. Enfin, l’orateur a évoqué la proposition d’interprétation présentée par Mme Barbara Frale (archiviste au Vatican).
05 – NOUVELLES IMAGES EN 3D
Thierry Castex, Ingénieur, spécialiste en traitement d’image (Pau).
Depuis longtemps, les chercheurs ont eu l’intuition que le Linceul contenait une image codée en trois dimensions (3D). Les premières expérimentations ont eu lieu en France en 1974 (bas-relief du Visage, par Paul Gastineau), puis aux USA en 1976, (relief du corps entier, par E. Jumper et J. Jackson, à l’aide de la caméra VP8 de la NASA). Ces résultats ont confirmé qu’il existe une relation entre l’intensité lumineuse de chaque point de l’image et la distance séparant le corps du tissu. En traitant le tissu comme un négatif couleur tridimensionnel, il est possible de convertir en 3D les 3 composantes chromatiques de l’image (Rouge, Vert, Bleu).
Les résultats obtenus ont permis d’apporter ou de confirmer des informations qui n’étaient pas très visibles jusqu’à maintenant, comme la présence d’un halo autour du Visage, la pliure des jambes avec la pointe des genoux surélevée, une chevelure épaisse tressée, de couleur châtain clair, et la présence probable d’un linge servant à absorber les humeurs émises par le supplicié.
06 – RECONSTITUTION DU VISAGE EN 3D
Patrice Majou, Docteur en Physique – Professeur retraité (Champs-sur-Marne).
Les techniques de traitement du signal et des images, qui ont connu, dans ces dernières décennies un prodigieux essor (voir par exemple l’IRM en imagerie médicale), ont également été utilisées pour le Linceul de Turin. L’orateur en a présenté deux applications faites par des chercheurs américains :
– Petrus Soons, assisté par une équipe de spécialistes de l’holographie, a réalisé (en 2005) un hologramme synthétique du Visage en 3D ; c’est une amélioration remarquable des reliefs obtenus par Paul Gastineau (1974) et par la NASA (1976) ;
– Ray Downing, en collaboration avec John Jackson, a obtenu (en 2008) une autre représentation en 3D du Visage, qu’il appelle lui-même « The Real Face of Jesus ».
07 – LE TEST AU C 14 DE 1988
Pierre de Riedmatten, Ingénieur retraité (Poitiers) – Président de MNTV.
Le test de 1988, qui avait daté du Moyen Age le Linceul de Turin, est-il crédible ? La synthèse de cette affaire très complexe présente succinctement : la théorie, la méthode, les résultats, les critiques fondées et les critiques mal fondées. [Voir par ailleurs le Cahier n° 40, et le livret spécialement édité par MNTV en 2009 : « Synthèse de l’Affaire C 14, 20 ans après le test de 1988« ].
Les arguments avancés (pollution, retissage,…) pour justifier l’écart trouvé, de 13 siècles, ont été contestés, notamment par une étude textile de 2011. A ce jour, la seule théorie permettant d’expliquer cet écart reste donc celle du Père J. B. Rinaudo (biophysicien), qui a supposé un enrichissement initial du tissu en C 14, dû à une émission de neutrons par le corps du supplicié au moment de la formation de l’image.
08- NOUVELLE DATATION DU TISSU
Patrice Majou, Docteur en Physique – Professeur retraité (Champs-sur-Marne).
Le Professeur Giulio Fanti (Université de Padoue) a imaginé et mis en œuvre trois méthodes de datation alternatives à celle du C 14. Les deux premières font appel à la spectroscopie de vibration : spectroscopie infrarouge et spectroscopie Raman. La troisième fait appel à des essais mécaniques, dont il est un spécialiste. Il en a déduit une date moyenne de fabrication du tissu de lin au tournant de l’ère chrétienne (- 33 av. J.C. +/- 250 ans).
09 – ÉTUDES DU TEXTILE
Olivier Cahart, Directeur Marketing, retraité (Paris).
En examinant le tissu du Linceul, nous en tirons de nombreux enseignements : ses dimensions, sa matière, ses caractéristiques, l’absence de traces de laine, le métier à tisser, le tissage lui-même, le blanchiment après tissage, la bande latérale recousue, etc … nous emmènent sur la voie d’une riche étoffe juive du Ier siècle, tissée au Moyen-Orient.
L’orateur a évoqué la thèse des réparations quasi-invisibles, supposées faites au Moyen Age, thèse vivement contestée par Mme Mechtild Flury-Lemberg, experte internationale en tissus anciens.
10 – RÉALITE HUMAINE DE LA PASSION
Dr. François Giraud (Vannes)
Depuis notre enfance, la vision quotidienne des crucifix a, en grande partie, dédramatisé la Passion, surtout parce que le Christ y est le plus souvent représenté post mortem, avec un visage apaisé et les pieds reposant sur un suppedaneum. Le Credo que nos récitons chaque dimanche est aussi très laconique : « crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa Passion et fut mis au tombeau. »
Pourtant, les études médicales et historiques révèlent une toute autre vision de ce terrible supplice, un des plus cruels et redoutés de l’époque.
11 – ANALYSE ANATOMIQUE DE L’IMAGE
Dr. Jacques Jaume, algologue (Nîmes)
Les images du Linceul en 3D (dues à Th. Castex) permettent une nouvelle analyse anatomique de la position de l’Homme du Linceul, en autorisant une appréhension tridimensionnelle. Il en ressort que le pouce de la main gauche du supplicié passe sous le poignet droit, mobilisant ainsi les avant-bras qui restent donc immobiles, sans pouvoir réaliser une rotation sur eux-mêmes. Ces images rendent possible la visualisation de nouveaux détails. Ce n’est plus l’empreinte d’un corps qu’elles nous montrent, mais celle d’un corps enveloppé d’un linge.
12 – LE LINCEUL NOUS FAIT SIGNE
Père Martin Pochon, jésuite (Toulouse)
Le linceul nous fait signe, comme il a fait signe à Jean, le disciple bien-aimé, au matin de Pâques.
Le disciple Jean a été frappé par la disposition des linges : par trois fois, il dit qu’ils sont « affaissés » (keimena). Et il en conclut que (lui-même) « il vit et il crut ». Les linges affaissés ont été pour lui le signe de la résurrection de Jésus. Ils ont pris sens.
Le linceul, avec ses caractéristiques scientifiques, nous fait signe, c’est-à-dire qu’il prend sens par le témoignage de l’Evangile. Il est pour nous un signe de la Résurrection, et non sa preuve.
13- LE LINCEUL VU PAR LES ORTHODOXES
Père Jean-François Gautier, prêtre orthodoxe (Marseille)
Si la Science est par définition toujours en mouvement, la Foi, expérience personnelle vécue, est l’expression de l’accroche de l’Etre au centre invariable du monde.
Vu sous cet angle, la présence du Linceul, qui a si curieusement traversé les épreuves du temps, comme pour s’offrir aux moyens technologiques d’investigation scientifique actuels, est une aide providentielle, adaptée à l’affaiblissement de l’homme, et révélant la permanence et la constance de la miséricorde divine. L’église rappelle plus que jamais la nécessité de rester vigilant contre tout fondamentalisme, qu’il soit scientifique ou religieux, afin de maintenir ouvertes les portes de l’esprit.
Ce que cette toile nous donne à voir et à essayer de comprendre questionne irréfutablement aujourd’hui la matérialité même de ce monde, voire sa temporalité.
Aucune époque avant la nôtre n’a eu une telle chance !
14 – TÉMOIGNAGE
Pélerinage à Turin pour l'Ostension de 2010 – Odile de Loynes – mère de famille (Poitiers)
En pénétrant dans la cathédrale de Turin, à l’occasion de l’Ostension de 2010, c’est un chef d’œuvre « non fait de main d’homme » qui m’a saisie irrésistiblement. L’Homme du Linceul, éminemment prêt pour la Résurrection, se présente à la contemplation : « Tout est accompli ! » (Jn 19, 30). Face à cette icône sanglante du Christ, l’Evangile parle et prend chair : « Rabbouni ! » C’est le cri de mon cœur, lorsque Ses yeux fermés rencontrent les miens, aveugles, et que j’entends Sa voix au plus intime de moi-même. Expérience si forte d’une Présence, entête d’un mystère venant illuminer ma foi : » Il m’a aimé et s’est livré pour moi. »
15 – IMPACT DU LINCEUL AUPRES DES JEUNES
Pierre-Yves Guillaume, Enseignant (Versailles)
Faire découvrir à des collégiens le Linceul, voilà une expérience toujours enrichissante et, finalement, assez bouleversante. Très grande est leur curiosité à l’égard de cette figure, d’où se dégage une mystérieuse présence à laquelle ils sont sensibles. Les questions fusent, et reflètent des sentiments profonds, souvent d’étonnement admiratif. Pour des adolescents du XXIème siècle, immergés dans un monde où règnent l’Image et la Science, quel merveilleux outil d’évangélisation, qui les met doucement devant les plus vertigineux mystères du christianisme !
16 – LE LINCEUL A L’ÉTRANGER
Béatrice Guespereau, vice-présidente de MNTV (Paris), et Chantal Garde, Fraternité de la Sainte Face (Versailles)
A l’image de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, apôtre intrépide de la SAINTE FACE, dont elle portait également le nom, et qui avait déclaré de son vivant : « Je voudrais parcourir la terre», ce sont nos amis de la » Fraternité de la Sainte Face » qui nous ont entraînés à plusieurs reprises dans ces missions à l’étranger : Moscou en 2002 ; Canada en 2009 ; Cameroun en 2013, …
Notre rôle : celui d’accompagner les reproductions du Linceul, de montrer cette figure majestueuse à ceux qui ne pourront jamais aller à Turin voir l’original ; mais aussi enseigner, et évangéliser à partir de cette image forte qui révèle à la fois la Passion du Christ, sa Résurrection, et l’étendue de son Amour infini.
17 – MÉDITATION – Le voile s’ouvre sur l’Invisible
Mgr de Dinechin – Evêque auxiliaire de Paris
Premier Forum MNTV sur le Linceul de Turin
Samedi 6 Février 2010 à Paris – N.D. de Grâce de Passy
Les Actes du I° Forum sont publiés dans le Cahier MNTV n° 42. Les réponses des intervenants aux questions posées lors de la Table ronde sont publiées dans le Cahier MNTV n° 43.
Résumé des 14 Interventions
01 – LES FONDAMENTAUX DU LINCEUL.
Pierre de Riedmatten, Ingénieur retraité – Président de MNTV – Bordeauc.
En introduisant cette journée, le Président de MNTV a présenté (succinctement) les principaux éléments de réponse actuels (dont certains ont été ensuite développés par d’autres orateurs), aux questions fondamentales que tout un chacun peut se poser :
1- D’ou provient cet objet ? (histoire connue depuis son arrivée en Europe ; histoire ancienne possible, voire probable ; tissage et couture datable du I° s ; pollens de plantes de Palestine ; traces de parfums). Le codex Pray (daté de 1195) permet d’affirmer que le Linceul conservé à Turin était déjà profondément vénéré à Constantinople au XII° s, voir longtemps auparavant. Et les textes les plus anciens (dont ceux sur le roi Abgar, contemporain du Christ) laissent penser que le Linceul dont Joseph d’Arimathie a entouré le Christ à la descente de croix (Mc, 15, 46 ; Mt, 27, 57), a été conservé. L’image d’Edesse « non faite de main d’homme » (appelée plus tard le Saint Mandylion), transférée solennellement à Constantinople en 944, peut-elle être identifiée au Linceul de Turin ?
2- Quelles recherches a-t-on faites ? Notamment depuis que Secondo Pia a découvert (en 1898) que l’image s’apparente à un négatif photographique. (Le test au C 14 de 1988 fait l’objet d’un autre exposé).
3- Comment l’image dite « corporelle » s’est-elle formée ? Cette image (provenant du corps du supplicié) a, en effet, des caractéristiques qu’aucune autre image ne possède (notamment la tridimemsionnalité). Parmi les hypothèses de formation (par des émanations chimiques ou par un rayonnement de particules), le modèle du Père J.B. Rinaudo répond à la fois à la formation de l’image (par une oxydation du tissu) et à une possible datation moyenâgeuse (par un apport de C 14 supplémentaire dès l’origine).
4- Ce tissu a-t-il pu contenir le corps de Jésus-Christ ? De nombreux indices vont dans ce sens (type sémitique du supplicié, âge, pièces sur les yeux datables de Ponce Pilate, inscriptions autour du Visage désignant le « Nazaréen », iconographie,…). La comparaison des sévices subis avec ceux décrits dans les évangiles de la Passion fait l’objet d’un autre exposé .
02 – SYNTHESE DE L’AFFAIRE C 14, VINGT ANS APRES LE TEST DE 1988. Pierre de Riedmatten, Ingénieur retraité – Président de MNTV – Bordeaux
En mars 1989, la publication des résultats du test C 14 (indiquant une fabrication du tissu au XIII°- XIV° s) déclenchait une violente polémique. Elle s’est relativement apaisée aujourd’hui (car les autres recherches, menées depuis, semblent confirmer l’origine très ancienne de ce tissu) ; au point que le laboratoire radiocarbone d’Oxford a fait, en 2008, un (relatif et prudent) retour en arrière. C’est l’occasion de tenter une synthèse de cette affaire très complexe, tant pour clarifier les positions réelles de l’Eglise, que pour préciser les multiples aspects techniques de cette opération.
Aussi objectivement que possible, cette synthèse présente notamment : la théorie, ses limites d’emploi et la méthode utilisée ; la réalisation du test et ses conclusions (notamment les résultats officiels parus dans la revue « Nature ») ; les critiques non ou mal fondées ; et les critiques fondées ainsi que les questions restées en suspens. Elle énumère enfin les différentes hypothèses scientifiques, en cours d’étude, qui permettraient d’expliquer pourquoi ce tissu, qui reste « provocation à l’intelligence » (J. P. II), a pu être daté du Moyen-Âge.
03 – QUI ETAIT GEOFFROY DE CHARNY ? Jean Dartigues, Ingénieur retraité – Paris.
Depuis le début de son histoire « officielle » en 1357, le Linceul n’a cessé de susciter des polémiques. Ce linge pouvait-il être crédible ? Qui connaît Lirey, hameau perdu, où Jeanne de Vergy n’a pas laissé de grandes traces dans
l’histoire ? Qui connaît son mari, Geoffroy de Charny ? C’est probablement pour combler cette ignorance, que Philippe Contamine, historien reconnu, a fait des recherches sur ce chevalier, recherches résumées ici.
Ce modeste chevalier, parti de rien, est arrivé, par son courage et son intelligence, à être admis parmi les intimes des rois de France Philippe VI et Jean II le Bon. Il a fait partie du conseil secret du roi avant 1347. Non seulement, il fut souvent chargé de missions délicates, étant bon négociateur, mais il fut surtout leur porte bannière dans les combats, ce qui montre la confiance de ces rois envers lui, bien qu’il ne fût jamais un « grand seigneur ». Ainsi, il mourut aux côtés de Jean II, à la bataille de Poitiers en 1356, l’oriflamme à la main. Pour montrer son estime, Charles V (successeur de Jean II) lui fit célébrer de solennelles obsèques, au couvent des Célestins à Paris. De plus, Geoffroy fut une référence dans la chevalerie, en réglant de nombreux litiges entre chevaliers, et en écrivant plusieurs ouvrages sur le rôle et les devoirs de la chevalerie. A ce titre, il fut certainement, auprès de Jean II, un des inspirateurs de la création de l’Ordre de l’Etoile.
Voilà pourquoi une hypothèse sur l’arrivée du Linceul à Lirey repose sur le fait qu’un linge mystérieux, présent à la Ste-Chapelle à l’inventaire de 1335 (« sanctam toellam tabulae insertam« ), disparaît avant 1365. Ce linge aurait pu être acheté par saint Louis vers 1241 à Beaudoin II (l’empereur désargenté de Constantinople), puis cédé par Philippe VI à Geoffroy de Charny, pour le récompenser.
04 – LE SUAIRE ET L’IMAGE D’EDESSE : DES RECHERCHES AU MONT ATHOS. Mark Guscin, écrivain, historien au Centre Espagnol de Sindonologie – Espagne.
La théorie qui identifie le Linceul de Turin avec l’Image d’Édesse (ou Mandylion) est connue depuis longtemps. Elle a été défendue ou repoussée par les érudits du Linceul.
Des recherches ont été réalisées sur cette image entre 2000 et 2004 dans les archives du Mont Athos (Grèce), et spécialement dans le monastère géorgien d’Iveron. Les résultats, publiés dans un livre « The Image of Edessa » (Brill, Leiden, 2009) doivent faire l’objet d’une thèse de doctorat à l’Université de Londres.
Des textes inédits découverts dans le monastère d’Iveron, mais aussi dans ceux de Hosios Grigorios, Megistes Lavra, Koutloumousios, Vatopedios et dans d’autres archives en Europe (Milan, Madrid, l’Escurial, Patmos) révèlent des nouvelles données concernant l’histoire de l’Image d’Edesse, et, ce qui est plus important concernant sa nature, apportent la preuve que cette image représentait non seulement un visage mais un corps entier montrant des taches de sang.
05 – UN FAUSSAIRE AU MOYEN AGE ?
Jacques Bara, Biologiste – Directeur de recherches honoraire au CNRS – Paris.
Au Moyen Age, un artiste aurait pu être tenté de peindre un faux Linceul pour « fabriquer » une relique dans un but mercantile. L’existence de ce peintre faussaire justifierait la datation au C 14 (1260-1390) et confirmerait les observations de Mc Crone qui a détecté des traces de peinture sur le Linceul. Cependant, pour être crédible, ce faussaire aurait dû représenter un Christ crucifié conforme à l’iconographie religieuse de cette époque. Or, avant le 13ème siècle, l’iconographie de la Passion insiste sur son aspect glorieux, montrant un Christ crucifié ressuscité, triomphant (Christus triumphans). Au 13ème siècle, on représente davantage un Christ résigné (Christus patiens) ou souffrant (Christus dolens).
A travers une étude de plus de 400 représentations iconographiques de la crucifixion, rendue possible grâce à un moteur de recherches, il apparaît que, sur les 4 points suivants, la peinture du supposé faussaire n’est pas conforme à l’iconographie de son époque :
1 – la position des clous,
2 – les excoriations dorsales dues au portement de la croix,
3 – la forme de la couronne d’épines,
4 – l’habillement du corps.
En conclusion, un faussaire n’a pas pu peindre le Christ tel qu’il est sur le Linceul de Turin, car il n’aurait pas été crédible. D’autre part, le changement dans la représentation iconographique de la Passion vers le 13ème siècle, montrant un Christ souffrant, peut expliquer pourquoi le Linceul n’a pu être exposé à la vénération des fidèles qu’à cette époque.
06 – LE MYSTERE DU LINCEUL : PHOTOGRAPHIE ET TRIDIMENSIONNALITE. Aldo Guerreschi, Photographe – Turin.
Le Linceul de Turin, le linge mortuaire le plus étudié au monde, implique aujourd’hui des connaissances dans de nombreuses disciplines scientifiques et pose à la science des problématiques jusqu’à maintenant non résolues.
Connu comme le Linceul qui a enveloppé le Christ après sa mort, il montre sur sa surface une empreinte très légère, d’une faible densité, presque imperceptible, qui représente un corps humain.
Il a fallu attendre l’arrivée de la photographie et la célèbre photo en négatif de Secondo Pia en 1898 pour révéler au monde des détails de ce corps permettant une étude approfondie.
Aujourd’hui, dans cette communication, ses particularités sont examinées, telles que la négativité de l’empreinte, les tentatives de la reproduire soit sous forme de peinture, soit en impression par contact. À travers quelques schémas, nous illustrons ses propriétés de « tridimensionnalité » qui rendent l’image de ce Linceul unique et non reproductible.
Le mystère de la formation de cette empreinte sur ce drap n’est pas encore résolu, et son appellation d’image « acheropita » (déformation du mot acheiropoïètè) c’est-à-dire « non faite de main d’homme » peut être encore envisagée.
07 – NOUVELLES SIMILITUDES ENTRE LE LINCEUL DE TURIN ET LE CODEX PRAY.
Thierry Castex, Ingénieur géophysicien, spécialiste en traitement de l’image. Eric de Bazelaire (+). Avec la participation amicale de Marcel Alonso – Pau.
En utilisant notre expérience en imagerie sismique nous avons mis au point un traitement d’image adapté aux photographies numériques du Linceul de Turin. Ce traitement a consisté à enlever certains défauts de l’image dus en grande partie au tissu :
(1) les effets de bandes verticales, causés par les différences de blanchiment entre fils de lin ;
(2) les croisillons dus aux chevrons, sans trop filtrer l’image pour conserver des détails fins.
Ainsi, nous avons pu faire des observations nouvelles sur la position du corps et sur ses proportions. Il nous est apparu que la dimension des jambes était anormalement longue par rapport au reste du corps. En fait, nous avons compris que l’image du fessier était dédoublée, à cause de la présence de plis certainement destinés à maintenir un tissu absorbant pour recueillir les liquides corporels. Nous avons ainsi élaboré une nouvelle représentation du corps dans le linge, basée sur la présence de plis sous les fesses et autour de la tête, sur la position des jambes repliées et sur le déroulé des genoux, permettant de comprendre comment le corps était positionné dans le Linceul et la façon dont il était en contact avec le tissu.
Nous avons ensuite fait une découverte surprenante en comparant l’image traitée du Linceul avec certaines images présentes dans le Codex de Pray. Ce Codex, daté de 1192-1195, déjà étudié par plusieurs sindonologues pour ses similitudes avec le Linceul de Turin, nous montrait exactement les mêmes plis que ceux que nous avions découverts après traitement d’image. Comment a-t-on pu représenter, en 1195, ces plis pratiquement invisibles à l’œil nu alors que nous venons juste de les découvrir avec des traitements sophistiqués, en 2007 ? Ceci montre deux choses : (1) la confirmation que le (ou les) dessinateur(s) avait pu étudier le Linceul de près au douzième siècle ; et (2) qu’il (ou ils) possédait probablement des connaissances et des documents sur le Linceul que nous avons perdus. Ceci devrait encourager les historiens et les archivistes à les rechercher dans les fonds documentaires médiévaux.
08 – LA FORMATION DE L’IMAGE DU LINCEUL EST-ELLE MIRACULEUSE ?
Claude Gavach, physico-chimiste, Directeur de recherches honoraire au CNRS – Montpellier.
« L’image du suaire de Turin n’est qu’une peinture médiévale car le miracle n’existe pas ! » En formulant cette affirmation, les athées scientistes mélangent analyse scientifique et réflexion métaphysique. Après les découvertes récentes, les analyses scientifiques convergent vers les trois conclusions suivantes :
a) Le Suaire de Turin est bien le Linceul du Jésus de l’histoire.
b) L’image est composée d’un ensemble de taches de sang et d’une empreinte monochrome qui obéit à la loi des distances.
c) La formation de l’image monochrome est une singularité physico-chimique non élucidée à ce jour.
En poursuivant la recherche des causes de cette singularité, la réflexion déborde sur les terrains de la métaphysique et de la foi. Pour les partisans non chrétiens de l’authenticité du Linceul (et pour certains chrétiens), l’empreinte monochrome résulte d’un processus naturel (émanation, hors du corps sans vie, de substances qui ont réagi avec la surface du tissu et créé le chromophore) ; la netteté de l’image proviendrait de la durée optimale d’exposition, conséquence purement fortuite de l’enlèvement du cadavre hors du Linceul par des mains humaines, moins de 40 heures après le décès. Cette explication fait appel au concept métaphysique du hasard. Pour d’autres chrétiens, la formation de l’image du Linceul répond à la définition du miracle : une singularité inexpliquée survenue dans un contexte religieux. Le Jésus de l’histoire n’est-il pas le Christ, le Verbe de Dieu fait homme ? Quand elle accepte de considérer la formation de l’image comme un miracle, la raison connectée à la foi se heurte à deux nouvelles interrogations :
a) Cette création d’image est-elle reliée à la résurrection de Jésus ?
b) Le miracle étant un signe, c’est-à-dire un événement concret qui a du sens, quel sens la foi peut-elle trouver dans la formation de l’image du corps de Jésus ?
09 – LES LINGES DE L’ENSEVELISSEMENT RETROUVES DANS LE TOMBEAU : QUE DISENT LES EVANGILES ?
Mgr Jean-Charles Thomas, Evêque émérite de Versailles.
Trois évangiles disent que Jésus fut enveloppé dans un « sindôn » (Linceul) avant d’être posé dans le tombeau. Ils ne disent mot sur ce tissu dans le tombeau après la Résurrection. Pour sa part, le quatrième évangile n’utilise pas ce mot pour l’ensevelissement. Mais il fait une description détaillée des linges que virent Pierre et l’autre disciple, dans le tombeau ouvert au matin du premier jour de la semaine. Peut-on accorder crédit à des évangélistes qui ne disent pas la même chose ? Ont-ils voulu souligner des approches différentes d’une même réalité ?
10 – LE VRAI VISAGE DE L’INVISIBLE.
Dominique PONNAU, Ancien Directeur de l’école du Louvre – Paris
« Le Vrai Visage de l’Invisible »! Titre audacieux! Présomptueux! Sauf peut-être si l’on creuse en soi le sens possible des mots. »L’Invisible »… L’Invisible, c’est Dieu. Aussi invisible pour les chrétiens que pour tout autre croyant, a fortiori pour tout incroyant. Mais le Christ ? N’est-il pas justement « l’Image du Dieu invisible », comme dit saint Paul ? Voir le Christ, n’est-ce pas voir Dieu Lui-même ?
Oui, c’est voir Dieu Lui-même. Mais où donc pouvons-nous voir le Christ ? Là où règne le Roi des Rois, le « Rex Regum, Dominator Dominantium » des absides byzantines ou des polyptyques flamands ? Oui! En ces lieux de gloire nous pouvons voir le Christ. Mais nous le voyons aussi, surtout peut-être, dans le lépreux que baise saint François, dans l’homme qu’on torture à mort. »Ver de terre et non point homme », dit le prophète. Là aussi, – là surtout ?- en cet homme dépouillé de toute dignité humaine, on voit le Christ. Y voyant le Christ, nous y voyons Celui dont le Christ est l’Image : « l’Invisible ». Le Dieu invisible. Car, même dévoilé, révélé en Jésus-Christ, Dieu demeure invisible. « Nul n’a jamais vu Dieu », dit saint Jean en son Prologue, qui ajoute aussitôt : « un Dieu, Fils unique, tourné vers le sein du Père, Lui l’a manifesté ». « Tourné vers le sein du Père », ne cessant jamais d’explorer les profondeurs infinies du sein du Père, et donc ne cessant jamais d’en manifester les traits innombrables. Aussi innombrables que le sont les traits des hommes en lesquels « l’Invisible » n’a cessé, ne cesse, ne cessera de manifester son « Vrai Visage ».
Et le Linceul de Turin ? S’il était l’icône par excellence où se rassemblent, se recueillent, se concentrent tous les traits de l’humanité du Dieu trois fois Saint, dont l’extrême abaissement n’altère en rien la transcendance absolue, transcendance manifestée dans le don sans réserve de son amour ?
11 – L’HOMME DU LINCEUL ETAIT-IL CONSENTANT ? ETUDE MEDICALE. Docteur Jacques JAUME, Médecin algologue – Nimes.
Le symposium de Rome en 1993 a conclu, après ses séances de travail et d’échanges entre scientifiques, à l’authenticité du Linceul de Turin. L’étude épistémologique a montré que le supplicié qui avait laissé son empreinte
était le Christ. Aucun travail scientifique multidisciplinaire comparable démontrant le contraire n’a été publié à ce jour.
Il est fort de constater que le Linceul livre régulièrement des informations qui confirment qu’il a plus de chances d’être le Linceul du Christ que le contraire. Toute démarche scientifique qui veut contredire sa véracité ne tient pas longtemps en face d’une critique pertinente, par exemple la reproductibilité exacte de l’image.
La médecine intègre de plus en plus une démarche transdisciplinaire. Elle ne se contente plus de s’intéresser à des sciences purement médicales comme l’anatomie, la physiologie ou la thérapeutique, elle occupe de plus en plus les champs des sciences humaines, et s’ouvre à des domaines variés comme l’art que l’on retrouve dans l’art-thérapie, la musico-thérapie.
Les sciences du comportement intègrent complètement le champ d’investigations médicales, à ce jour, et même les sciences de la pédagogie, à travers un mouvement très actif actuellement : l’éducation thérapeutique des patients.
L’étude du supplicié qui a laissé son empreinte sur le Linceul est très enrichissante. Une expertise médicale s’occupant de la physiopathologie des tortures qu’a subies le patient enveloppé par le Linceul montre qu’il a été volontaire, consentant à ce supplice, et même qu’il y a participé comme s’il voulait réaliser un projet et aider ses bourreaux. Ce qui est en concordance parfaite avec les écrits bibliques.
12 – LE LINCEUL ET LA PASSION.
Béatrice Guespereau, Professeur de culture religieuse – Paris.
Après avoir répondu aux questions légitimes de l’intelligence, comment pouvons-nous regarder maintenant l’image du Linceul avec les yeux du cœur ?
Comment oser regarder ce crucifié dans sa Passion ? Et comment, de surcroît, peut-on montrer cela à des jeunes ? Or l’expérience prouve que les jeunes sont très sensibles, et très réceptifs, à cette démarche qui laisse libre… Quand ils ont compris la complexité de cette empreinte inimitable, qu’ils ont vue de leurs yeux, et qu’ils ont suivi l’expertise médicale, ils réalisent que les récits des évangiles sont plutôt sobres à côté de la réalité. Eux, comme nous, ne peuvent rester insensibles devant cette image d’un homme qui, après avoir subi un « supplice inénarrable », garde une pareille majesté et une dignité, dont on sent qu’elles ont impressionné Pilate : « Je ne vois dans cet homme aucun motif de condamnation ! »
Ce mélange paradoxal d’humiliation et de Beauté, nous en trouvons peut-être la clef dans Phil 2, 6 :
« Lui, de condition divine, n’a pas gardé jalousement le rang qui l’égalait à Dieu… Mais il s’anéantit lui-même, prenant la condition d’esclave […] Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a donné le Nom qui est au dessus de tout nom… » Impossible aussi de ne pas penser au « serviteur souffrant » d’Isaïe : « objet de mépris et rebut de l’humanité…il était méprisé et déconsidéré ; or, c’était nos souffrances qu’il portait […] et c’est grâce à ses plaies que nous sommes guéris. »
« Affreusement traité et humilié, il n’ouvrait pas la bouche, comme devant les tondeurs une brebis muette… »
A notre tour, nous voilà devant ce Visage silencieux, bouche close, yeux baissés, sans l’ombre d’un reproche ou d’une plainte, mais qui nous dit pourtant : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Nous ne sommes plus devant une image, ni même une photo, nous sommes en présence de Quelqu’un, qui nous invite et nous attend, patiemment…
13 – IMPACT DU LINCEUL AUPRES DES JEUNES.
Anne-Lise Rouyer, Professeur d’Arts Plastiques – Paris. Catherine N’Guyen, Professeur de gestion – Paris
Adjointe en pastorale scolaire, il m’a été donné d’organiser des interventions sur le Linceul de Turin auprès de jeunes de différents niveaux, ou de parler moi-même du mystère du Linceul, en cours d’art ou pendant les heures dédiées à la pastorale.
Aussi sensibles à l’image qu’à « l’objectivité » scientifique, aussi dénuées de repères culturels et religieux qu’assoiffées de ce sens dont notre société ne les nourrit pas, les jeunes générations se montrent particulièrement réceptives à la découverte du Linceul de Turin.
L’intervention de ce jour prend la forme d’un témoignage personnel de ce que j’ai pu vivre, observer et recueillir de ces rencontres, et de quelques réflexions très humbles nées de celles-ci.
14 – COMMENT MNTV PEUT VOUS AIDER A FAIRE CONNAITRE LE LINCEUL DE TURIN. Yannick Levannier, Chargé de formation dans le domaine de l’image – Paris
– Par le bulletin de l’association contenant des informations sur les dernières avancées scientifiques ainsi que des tribunes sur des thèmes historiques ou scientifiques divers.
– Par le site internet
– Par le prêt de panneaux explicatifs grand format pouvant accompagner une exposition.
– Par la fourniture d’images de diverses tailles représentant le visage en négatif, pouvant être distribuées.
– En vous aidant à acquérir des représentations du Linceul en taille réelle ou réduite sur toile ou en photographie ainsi que des photographies plastifiées du Linceul ou du Visage, de diverses tailles.
– En organisant des conférences adaptées au public recherché. Nos nombreux conférenciers peuvent, de part leurs sensibilités propres, en adapter le contenu aux enfants de classes primaires, aux adolescents d’aumôneries ou aux adultes de paroisses ou d’associations laïques. La durée est également modulable selon l’auditoire de 45 mn à 1 h 45.
D’autres formes de conférences, plus axées sur la méditation spirituelle autour du Linceul peuvent être envisagées. Aucune participation financière n’est demandée, seul un geste pour couvrir les frais divers est apprécié.