A propos de l'article de Cicero Moraes
Communiqué de presse – Turin - Commission diocésaine pour le Saint Suaire
Une fois de plus, de nouvelles « révélations » sur le Saint Suaire et ses mystères circulent. Cette fois-ci, l'affirmation est que le Saint Suaire n'a pas été posé sur le corps d'un homme, mais plutôt sur un « modèle » artificiel conçu pour reproduire les caractéristiques de l'image.
La Commission diocésaine pour le Saint Suaire ne voit aucune raison de se prononcer directement sur des hypothèses avancées, qu'elles émanent d'experts reconnus ou d'autres personnes, en dehors du cadre d'une recherche sérieuse et évaluée par des pairs. Le Centre international d'études sur le Saint Suaire de Turin, chargé par la loi d'apporter un soutien scientifique au Custode, a publié un document présentant une analyse détaillée des méthodes et des conclusions de cette prétendue « découverte » (voir déclaration ci-jointe).
S'il n'est pas surprenant que certaines « informations » – qu'elles soient vraies ou simplement plausibles, récentes ou débattues depuis longtemps – suscitent l'attention dans le contexte médiatique instantané et mondialisé d'aujourd'hui, il est légitime de s'inquiéter de la superficialité de certaines conclusions, qui ne résistent souvent pas à une analyse plus approfondie et plus rigoureuse. La Commission réitère donc son appel à faire preuve d'un discernement critique dans l'évaluation des informations qui circulent si facilement dans le domaine public.
Commentaire du Centro Internazionale di Studi sulla Sindone
Turin, le 03 Août 2025
Comme nous l'a rappelé le prix Nobel Richard Feynman :
« Si vous faites une expérience, vous devez rapporter tout ce qui, selon vous, pourrait la rendre invalide, et pas seulement ce que vous pensez être juste (...) Si vous élaborez une théorie et que vous la diffusez, vous devez également mentionner tous les faits qui la contredisent, ainsi que ceux qui la corroborent (...) L'idée est d'essayer de donner toutes les informations qui aideront les autres à juger de la valeur de votre contribution, et pas seulement les informations qui conduisent à un jugement dans un sens ou dans un autre. (...) Le premier principe est que vous ne devez pas vous tromper vous-même, car vous êtes la personne la plus facile à tromper. »COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Analyse de l'article « Image formation on the Holy Shroud – A digital 3D approach » (Formation d'images sur le Saint Suaire – Une approche numérique en 3D) par Cicero Moraes.
L'auteur a créé des modèles 3D d'un corps humain et d'un bas-relief à l'aide de logiciels libres et de simulations physiques afin d'analyser les points de contact entre un tissu et les surfaces. Le résultat indique que les points de contact entre le tissu et le bas-relief correspondent à une image moins déformée que les points de contact avec un corps tridimensionnel, car ce dernier génère l'effet de distorsion dit « masque d'Agamemnon », bien connu dans la littérature.
En d'autres termes, dans la figure 6 de l'article, l'auteur confirme un résultat connu depuis les premières études de Vignon et Delage en 1902, à savoir que l'image du Suaire apparaît comme une projection orthogonale. Cette conclusion n'a rien de nouveau.
En outre, à partir des études in situ réalisées par l'équipe STuRP (1978) et des analyses physico-chimiques ultérieures, la formation de l'image par peinture, frottement avec un bas-relief ou contact avec une statue/bas-relief chauffé a été exclue.
En résumé, le résultat de l'article concernant l'absence de l'effet du masque d'Agamemnon et la projection verticale de l'image du Suaire est connu depuis plus d'un siècle, et l'hypothèse qui en découle, à savoir une origine peinte ou brûlée par contact avec un bas-relief, est largement contredite par de nombreuses études physico-chimiques, notamment celles du STuRP, confirmées par des mesures plus récentes, qui font l'objet d'une littérature abondante dans des revues scientifiques reconnues.
Le Centre international d'études sur le Suaire (CISS) réaffirme l'importance d'une approche rigoureuse et interdisciplinaire qui distingue clairement les faits établis des hypothèses, en intégrant les résultats de toutes les disciplines concernées.
Remarques supplémentaires
Les outils et formats utilisés dans l'article analysé font partie de ceux couramment utilisés dans la modélisation 3D. Blender, par exemple, est un logiciel fiable pour la production de contenus multimédias et créatifs, mais il n'est pas spécifiquement conçu à des fins scientifiques. Le moteur physique utilisé pour simuler le comportement du tissu sur le modèle tridimensionnel fonctionne selon des modèles qui imitent la gravité et l'adaptation du tissu à une surface représentée par le corps en 3D.
Cette configuration suppose que le tissu a été drapé sur le corps, mais le modèle numérique ne comprend pas de plan de support : sous le corps, il y a un espace vide, comme s'il était suspendu. Une telle condition affecte le comportement simulé du tissu et ne correspond pas à un contexte physique réel. L'introduction d'un plan rigide sur lequel repose le corps aurait considérablement modifié le résultat.
L'outil « OrtoOnBlender », utilisé pour générer le bas-relief, est décrit par l'auteur comme essentiel au processus. Des expériences précédentes (Balossino-Rabellino) avec des technologies similaires ont montré que les résultats sont sensibles aux propriétés du tissu simulé, variant d'un comportement « rigide » à « souple » en fonction des paramètres définis. La répétabilité d'une procédure est une condition nécessaire mais non suffisante pour valider son exactitude, un aspect sur lequel l'article insiste, mais qui ne garantit pas en soi la validité scientifique des conclusions.
Bien qu'intéressantes et potentiellement efficaces à des fins éducatives ou multimédias, ces simulations se heurtent à des défis importants pour être considérées comme des preuves scientifiques, et encore moins comme des preuves concluantes.
La discussion aborde un sujet bien connu et toujours ouvert : la nature de la projection de l'image du Suaire. Le passage d'une projection cylindrique (tissu enroulé autour du corps, avec des distorsions latérales inévitables absentes sur le tissu) à une projection orthogonale (transfert vertical des détails, avec une distorsion minimale, mais incapable d'expliquer la présence de l'image dans les zones sans contact) a des implications importantes pour les hypothèses de formation.
Les modèles numériques peuvent contribuer à la discussion, mais ils ne remplacent pas l'analyse physique et chimique de la relique, qui a jusqu'à présent exclu la compatibilité de l'image avec des méthodes de peinture, le contact avec un bas-relief ou la brûlure d'un bas-relief chaud.
Sur le plan méthodologique, le CISS considère comme fondamentales les principes suivants :
Une distinction stricte entre les faits établis et les hypothèses, en évitant de présenter comme certaines des affirmations qui n'ont pas encore été démontrées.
Une collaboration interdisciplinaire, intégrant et respectant les résultats de toutes les disciplines concernées, et évitant les interprétations partielles ou sectorielles.
L'article initial peut être trouvé sur ce lien (payant)
Association Montre Nous Ton Visage - MNTV - linceul-de-turin.fr